"Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" dit la célèbre chanson de la Bohème et pourtant. Même si les premiers Sunn (des BMX !) ont vu le jour en 1982, force est de constater que la marque, non seulement, existe toujours aujourd’hui, mais qu’en plus, nombre de ses modèles sont vraiment aboutis. A l’exemple du Kern.
Puis, n’oublions pas que ce sont les machines choisies par Cédric Tassan pour réaliser ses aventures à l’autre bout du monde. Si ce n’est pas un gage de qualité !
Par Pierre André.
Peux-tu te présenter ?
Bonjour à tous, je m’appelle Serge Lopez. Je suis né à Toulouse un 14 Juillet, il y a un demi siècle. Et oui… le temps passe. Je me console en me disant que chaque année pour mon anniversaire, j’ai la chance d’avoir défilé et feux d’artifice en plus d’être un jour férié !
Je suis ingénieur INSA Génie Mécanique de formation.
Comment es-tu arrivé à la pratique du VTT ?
J’ai deux grands frères, tous deux passionnés et pratiquants en motocross. Tout naturellement, quand j’ai été en âge de pédaler, j’étais plus intéressé par les bosses et les chemins que par l’asphalte et je me suis mis au BMX. Après quelques années passées à sillonner la France pour les courses sur mon petit vélo, je me suis arrêté pour profiter différemment de mon adolescence, puis j’ai ensuite repris le vélo par le VTT. Et j’ai été immédiatement séduit à la fois par la pratique que par le côté technique du produit qui, dans les années 90, évoluait en permanence. Je passais beaucoup de temps à rouler et beaucoup de temps à bricoler aussi !
Quel est ton parcours professionnel ?
Une fois mon école d’ingé terminée, j’ai fait mon armée (et oui, ça existait encore) et je me suis mis à chercher du travail. Comme j’étais passionné de VTT, que Sunn avait le vent en poupe et en plus était dans ma région, j’ai postulé chez eux et j’ai été embauché. Tout d’abord pour m’occuper de la qualité et du SAV puis, quelques années plus tard, du produit.
C’était passionnant ! J’y ai vécu mes meilleurs moments de ma carrière mais aussi les pires car si j’adorais la marque, je n’avais aucun atome crochu avec les dirigeants qui avaient remplacé Max.
Puis Max m’a appelé en 2004 pour rejoindre Commençal et m’occuper du produit. Un vrai challenge car c’était une marque jeune qui s’était déjà forgée une image sympathique avec des vélos rigolos mais il fallait innover avec l’équipe et aller vers des produits techniquement plus aboutis. Les Meta et Supreme qui, après de nombreuses évolutions, sont encore les modèles phares de la marque, sont nés peu après.
En 2011, c’est Gilles Lapierre qui m’a appelé pour rejoindre leur staff. Cela m’a semblé intéressant car c’était une marque française, historique mais qui me semblait un peu “poussiéreuse”. J’y ai passé 7 ans avec une équipe fantastique à essayer de moderniser le produit et l’image de la marque.
Enfin, j’ai passé 2 ans, promu au sein du groupe Accell (maison mère de Lapierre notamment), en tant que responsable des produits sportifs du groupe. Autrement dit, principalement, Ghost, Haibike et Lapierre.
Mission plus internationale, géniale d’un point de vue humain de manager des gens de plusieurs nationalités mais au final, la stratégie du groupe ne me semblait pas aller dans le bon sens pour les marques et produits que je “pilotais”.
Et du coup, lorsque Sunn m’a appelé fin 2020, ça m’a semblé être un nouveau challenge de revenir à mes premières amours pour aider au redémarrage de la marque.
Peux-tu nous parler de l’emblématique marque de vélos française : Sunn ?
Sunn pour moi, vous l’aurez compris, c’est bien plus qu’une marque, c’est une grande partie de ma vie ! Il y a plus de 35 ans, je roulais déjà en BMX sur un Sunn !
J’adore la marque, l’image qu’elle véhicule au travers de ses produits compacts, slopping, sportifs, racés, issus de la culture BMX. Et elle même issue du motocross. Au même titre que la plupart des voitures s’inspirent aujourd’hui des lignes des 4x4.
C’est bien pour l’utilisateur car l’allure du vélo est flatteuse et les avantages d’avoir des vélos maniables et agiles sont incontestables.
Et puis, outre le fait que Sunn ait apporté beaucoup de choses à l’industrie (en étant précurseurs sur la géométrie, les disques, les suspensions, …), le développement et l’assemblage des vélos ont toujours été faits en France. Cela compte aussi de pouvoir défendre notre industrie du cycle et de véhiculer ce savoir-faire hors de nos frontières.
Quelles sont les perspectives de développement / quel est l’avenir ?
Nous en sommes juste au début du renouvellement + complément de la gamme de produits, notamment sur l’électrique sportif ou urbain, avec la nouvelle équipe en place. Actuellement, à chaque fois que nous sortons un nouveau modèle (Kern, Rage, Charger, Skill…) nous sommes rapidement “sold out” donc, les perspectives sont prometteuses si tant est que nous fassions du bon boulot et que nous allions dans la bonne direction. Nous sommes également en train de développer le réseau de revendeurs, que ce soit en France ou hors de nos frontières. L’avenir devrait être plutôt très bon pour Sunn !
Avec quelle machine roules-tu ?
Je n’ai plus vraiment le temps de rouler régulièrement. Mais dès que je le peux, j’enfourche mon Sunn Kern EL qui est juste une machine incroyable ! Je vis en montagne, j’ai peu de temps pour m’entraîner, donc, le passage à l’électrique s’est imposé naturellement pour moi afin que chaque sortie ne se transforme pas en cauchemar ! Et puis en roulant ce type de vélo, j’ai appris beaucoup de choses au fil des années qui me servent ensuite dans mon boulot.
Un lieu où rouler en France ?
Les Pyrénées centrales ! Soit côté Luchon où c’est encore méconnu, sauvage et très varié, soit côté Loudenvielle. Les deux spots sont juste incroyables !
Ton meilleur souvenir avec ton VTT ?
Franchement, celle-ci est difficile et je veux pas faire trop “planplan” mais à chaque fois que je roule, que je découvre un nouveau vélo ou de nouveaux endroits c’est un plaisir unique, une nouvelle émotion et des images qui restent gravées !
On attend que Cédric Tassan, notre ambassadeur, m’amène dans un pays au nom imprononçable qui se termine par –stan et on en reparle ?!
Peux-tu nous partager une anecdote !?
Bon, j’ai compris, les dernières questions vont toutes être compliquées. Je pourrais écrire un bouquin là-dessus je pense ! Quand on remplissait les premières fourches Chaos avec du whisky afin de voir si elles marchaient mieux qu’avec de l’huile ou d’autres “expériences scientifiques” du même genre…
Libre expression
Juste dire que je me sens vraiment privilégié d’avoir toujours pu évoluer dans un milieu qui me passionne !
J’ai eu la chance de croiser tellement de champions, de voir tellement de pays et de cultures différentes grâce à mon métier !
Aujourd’hui, porter de nouveau les couleurs de Sunn, marque à laquelle je suis viscéralement attaché et essayer de faire les plus beaux produits avec une équipe aussi passionnée que talentueuse, c’est quand même cool !
Le tout avec le soutien de MFC qui nous assemble tout ça de main de maître en France. Enfin, Intersport nous permet de nous développer, ça rend aussi les choses plus faciles.
Quelle est ta vision du VTT dans 20 ans ?
Ce qui est sûr c’est que le vélo en général va prendre davantage de place dans nos vies, que ce soit dans notre quotidien ou pour une pratique de loisirs.
Les VTT vont encore très fortement évoluer avec de l’intégration, la démocratisation de l’électronique et de la connectivité. Les matériaux et les procédés de fabrication vont également évoluer vers davantage de responsabilité environnementale. Le tout en relocalisant de plus en plus de composants en Europe.
On aura des vélos plus légers, sur lesquels on n’aura plus besoin de se soucier du changement de vitesse ou de la configuration du terrain.
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